pour un tourisme Sud / Nord!

Le point de départ

Partie du constat que le tourisme avait parfois des conséquences désastreuses sur les pays réceptifs, j’ai cherché à appliquer le concept du commerce équitable au secteur du tourisme.

C’est un domaine que je connais bien puisque j’ai longtemps dirigé une agence de voyages au Maroc. J’ai eu à maintes reprises l’occasion de vérifier que les relations commerciales se faisaient la plupart du temps au détriment des populations locales.

Dans une première phase, je dresse un constat de l’impact du tourisme :

  • déséquilibre des flux de touristes et de devises entre les pays du Nord et ceux du Sud
  • impact sociologique et environnemental sur les pays d’accueil

En s’inspirant ensuite de l’expérience du commerce équitable, je tente de définir ce que peut être le tourisme équitable.

Puis je cherche à envisager l’application du concept de commerce équitable au marché du tourisme.

Vers un tourisme éthique

C’est un constat quasi quotidien : les consommateurs dans les pays occidentaux sont de plus en plus demandeurs de produits éthiques.

Le succès du café et des autres produits Max Havelaar, désormais référencés dans de nombreuses grandes surfaces, les performances du réseau Artisans du Monde et la médiatisation de campagnes comme celle du collectif « De l’éthique sur l’étiquette », montrent bien qu’une certaine « moralisation » de la consommation est un phénomène désormais irréversible.

Reste à savoir ce que doit être un voyage « éthique » et même s’il est techniquement et moralement possible de proposer un tel voyage.

Le tourisme n’est pas un produit comme les autres

Cependant il est difficile d’appliquer au tourisme les mêmes règles que pour le café ou l’artisanat.

En effet, le tourisme est une activité de services dans la production desquels le consommateur tient un rôle non négligeable.

D’autre part, les populations locales font elles-mêmes l’objet d’une « consommation » au même titre que l’environnement et la culture des pays réceptifs.

Cette consommation s’avère parfois être un véritable fléau comme c’est le cas pour le tourisme sexuel impliquant des mineurs.

La définition et l’application des critères du commerce équitable au secteur du tourisme posent donc de nombreux problèmes qui ne sont pas encore résolus.

Un secteur associatif omniprésent

Jusqu’à ce jour, ces travaux reposent presque entièrement sur le secteur associatif et quelques initiatives privées comme la Charte du Voyageur du tour opérateur Atalante, le projet de financement de Tourism for Development, ou encore la campagne ECPAT dénonçant le tourisme sexuel à bord des charters. Plus récemment sont apparus de nouveaux acteurs tels ATES ou ATR (voir bibliographie et base de liens) qui proposent directement des offres qualifiées de tourisme durable, responsable, équitable ou éthique.

Or les initiatives se multiplient mais souvent avec un manque total de cohérence et d’organisation qui risque à terme d’être dommageable pour le concept.

Par ailleurs, depuis plusieurs années, de nombreuses associations militent pour un tourisme alternatif et construisent des programmes de voyages intelligents qui prennent en compte les réalités locales et proposent à leurs clients une autre vision du tourisme (voir à ce sujet la brochure éditée par ATES).

Au-delà du marché de niche

Malheureusement ces initiatives restent cantonnées à ce qu’on pourrait appeler un marché de niche car, si elles sont très intéressantes, elles ne s’adressent toutefois qu’à un nombre limité de personnes.

Le but du concept de tourisme équitable est de réformer toute la chaîne du tourisme, y compris chez les grands tours opérateurs, dans les réseaux d’agences de voyages et dans les hypermarchés.

Un accès aux marchés des pays développés pour les producteurs des pays en voie de développement

En outre, le tourisme équitable s’attache également à assurer aux petits producteurs locaux des pays en voie de développement une meilleure visibilité de leurs produits touristiques sur les marchés occidentaux.

L’organisation actuelle du marché du tourisme ne permet pratiquement aucune visibilité commerciale pour les petits projets de tourisme communautaire comme Mass Education en Inde, Djembé en Côte d’Ivoire, Villages Ahémé au Bénin ou encore les campements de Casamance et Sua Bali en Indonésie.

L’idée est donc de leur permettre une meilleure accessibilité aux marchés occidentaux.

Formation et information

Le principal vecteur des idées, c’est l’information et c’est pourquoi l’auteur se bat pour que le concept d’équitable soit promu à tous les niveaux et auprès de toutes les catégories de population, au Nord comme au Sud et à l’Est.

Il ne s’agit pas de réserver cette idée à un microcosme intellectuel. Tout citoyen peut et doit devenir un consommateur et un voyageur responsable quand il a la chance de pouvoir voyager.

La formation est également la clef de voûte du concept. Il s’agit de former les enfants dès le plus jeune âge à l’idée générale qu’ils ont une part de responsabilité dans chaque acte de leur vie quotidienne et que rien n’est anodin.

Il convient aussi de s’intéresser aux futurs professionnels du tourisme qui ont une influence considérable sur le choix de leurs clients et peuvent aider à la promotion d’un tourisme plus respectueux dans les pays visités ou tout au moins être capables d’informer correctement leurs clients sur la conduite à tenir dans les pays d’accueil.

Et après ?

L’avènement d’un nouveau citoyen solidaire et responsable est une source d’espoir pour le tourisme du XXIème siècle.

Si le tourisme équitable ne sert qu’à une chose, souhaitons que ce soit à sensibiliser les voyageurs que nous sommes ou que nous serons.


Blog Stats

  • 29 765 hits